Je croyais qu'on disait "Conflans-Jarny" ?
J'ai bien connu ces machines qui étaient de véritables diplodocus du rail : d'une puissance incroyable, elles avaient été construites en vue de l'électrification de l'artère nord-est au trafic sidérurgique important, et du bassin houiller du nord. D'ailleurs, les lettres CC qualifient deux essieux sur deux bogies et sont toutes puissantes. Elles sont l'évolution ultime des BB (2 esssieux donc) qui avaient la même apparence et qu'on qualifiait de "crocodiles ou d'araignées" Elles étaient increvables et elles pourraient encore rouler mais elles ont été condamnées pour leur vitesse limitée (60 à l'heure je crois(elles créaient des bouchons sur les sillons, mais je n'étais pas tractionnaire) et aussi pour leur technique dépassée, et leur ergonomie. Elles succédaient à la vapeur et semblaient modernes à l'époque mais par exemple, l'accélérateur manuel (une roue à forte démultiplication) était fixée latéralement au poste de conduite central et le mécano donnait l'impression sans cesse de "pêcher au carrelet". De plus, les longs nez gênaient la visibilité et les mécaniciens devaient ballader de gauche à droite lors des manoeuvres. Je me souviens avoir donné le secours à un TER dont la machine était en panne, par l'arrière. Il y avait deux pilotes à l'avant de la machine défaillante qui nous faisaient des signaux manuels, et dans la cabine côté droit, je répercutais les ordres au mécano quand il ne voyait plus. Nous avons ainsi parcouru cinquante kilomètres d'Orchies à Lille à vitesse limitée, car plus aucun automatisme ne pouvait se substituer à nous. De plus, j'avais donné des instructions au PC pour n'avoir "que du vert", c'est à dire voie libre.
A l'époque, nous n'aurions jamais laissé un train avoir douze heures de retard, voire plus comme on le lit maintenant. A l'arrivée, j'étais aphone car l'ordre de refouler doit se faire non-stop (c'est-ce que nous faisions) alors que l'inverse de "tirez" ne se dit qu'une fois...
Pour faire saliver anonymous qui aurait pu être collègue !
Ce récit pour faire saliver anonymous s'il est encore des nôtres.